Page 67 - Une Famille Volante
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La Guerre - 1939-1945
Pour soulager l’URSS contre l’avancée d’Hitler qui est aux portes de Stalingrad, Churchill et
Roosevelt lancent l’idée de l’ouverture d’un nouveau front en Afrique du nord. La France garde
un mauvais souvenir de la destruction de l’escadre à Mers-El-Kébir le 3 juillet 1940. Les An-
glais veulent défendre le canal de Suez. Le generalfeldmarschall Rommel le Renard du désert et
l’AfrikaKorps sont en Libye.
Roosevelt et Churchill se mettent d’accord pour désigner le général Eisenhower comme respon-
sable de cette opération baptisée Torch (flambeau). De Gaulle, à Londres, est tenu à l’écart de cette
décision : Roosevelt veut le cantonner à Brazzaville, tandis que Churchill cherche à l’envoyer
comme gouverneur à Madagascar.
Le 8 novembre 1942 a lieu le débarquement allié (Britanniques et Américains) sur les côtes
d’Afrique du nord, principalement au Maroc (Casablanca) et en Algérie (Oran, Alger) : 107 000
hommes, 200 bâtiments de guerre et 110 bâtiments de transport sont mobilisés. La rade d’Alger
voit arriver notamment deux porte-avions et trois sous-marins.
Le principal obstacle est la rivalité entre Vichystes et Résistants. En fin de compte un rapide
cessez-le-feu est décrété.
La réaction des Allemands ne tarde pas, avec l’occupation de la zone libre en France entraînant
le sabordement de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. La Luftwaffe, qui a des bases en Italie
et enTunisie, procède à des bombardements en 1942 et 1943.
Les Alliés vont prendre Rommel en tenaille entre la Tunisie et l’Égypte, après la bataille d’El-
Alamein. Ils resteront en Algérie jusqu’à la fin de la guerre.
Durant la guerre, les vols privés sont interdits en Algérie. Les avions et les pistes de la ferme
Germain sont réquisitionnés. Le pigeonnier de la ferme est utilisé comme tour de contrôle.
La villa d’Emerald Park est réquisitionnée et mise à la disposition du général De Gaulle à son
arrivée à Alger. Dans l’antichambre néo-gothique, sur une console, on apercevait invariablement
le képi retourné du général De Gaulle. Les visiteurs étaient introduits dans un petit salon. Une
grande salle dans laquelle se tenaient quelques officiers d’ordonnance tenait lieu de secrétariat.
Au fond de la pièce une porte s’ouvrait sur le bureau du général. Gaston Palewski occupait un
bureau voisin. Toutes les pièces, y compris les chambres de bonnes, étaient occupées par les ser-
vices des attachés du cabinet. L’amiral Philippe de Gaulle raconte : Ma mère se souvenait, pour se
procurer une ampoule électrique, c’était la croix et la bannière. Il fallait faire attention parce que
les gens volaient. On barbotait même les serrures de portes. Tous les jours, on devait se battre en
permanence pour des choses aussi rudimentaires. L’arrivée imminente de sa famille, le 24 juillet
1943, conduit de Gaulle à s’installer rapidement dans une autre demeure, la villa des Oliviers.
À l’époque, coupée de la Métropole, l’Afrique du Nord est exsangue et végète dans la pénurie la
plus totale. Effectivement au lendemain de la guerre, la famille de retour chez elle déplorera la
disparition de l’argenterie. Dommage collatéral.
Quant à la villa de Jacques Germain, Parc Labladji, voisine d’Emerald Park, elle est réquisitionnée
pour les Alliés suite au débarquement du 8 novembre 1942. Cette demeure rebaptisée l’immeuble
King accueillera le roi George VI venu incognito à Alger le 14 juin 1943, contre l’avis de Churchill.
George VI offrira un déjeuner auquel assisteront Charles de Gaulle, Henri Giraud et Harold
MacMillan représentant en Algérie du gouvernement britannique.
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