Page 59 - Une Famille Volante
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LANA
Alors qu’Air France exploite, à partir de 1934, la ligne Marseille-Alger avec des hydravions plus
ou moins fiables, plusieurs tentatives de création d’un réseau aérien commercial en Afrique du
Nord n’obtiennent pas de succès. Henry Germain, alors âgé de 27 ans, relève le défi en créant les
Lignes Aériennes Nord-Africaines (LANA) pour exploiter une liaison Maroc-Algérie-Tunisie.
Le 6 décembre 1934, la ligne Alger-Oran est inaugurée, avec un temps de trajet moyen de 2 heures
dans chaque sens et trois vols par semaine. Il affecte deux monomoteurs Farman à cette ligne :
Le Farman 190 F-ALAP et le Farman 192 F-ALEB.
Les LANA s’organisent avec le transfert des passagers depuis les centres-villes (hôtel Aletti à
Alger et Grand Hôtel à Oran) vers les aéroports, ouvrent la ligne au transport postal et prévoient
des correspondances avec les hydravions d’Air France arrivant de Marseille. On ajoute de la
souplesse en prévoyant des arrêts à la demande dans des villes intermédiaires : Blida, Affreville,
Orléansville, Relizane, Mostaganem.
Début 1935, Henry Germain renforce la flotte avec le Fokker VII F-AJUD, avion néerlandais
équipé d’un moteur Lorraine de 450 ch, pouvant embarquer huit passagers et deux hommes
d’équipage. Il faut souligner que les LANA, à part quelques subventions locales, ne disposaient
d’aucune subvention nationale du gouvernement, contrairement à Air France et à la régie d’État
Air Afrique.
Le 20 avril 1935, la ligne Alger-Bône est inaugurée à son tour, avec une escale à Constantine. La
durée du trajet est environ de deux heures entre Alger et Constantine, puis une demi-heure entre
Constantine et Bône.
Vu le succès de la compagnie, Henry Germain décide alors d’affecter deux De Havilland DH 84
Dragon de la famille aux LANA : Le Dragon F-AMTR acheté à Robert Germain en septembre
1935 et son propre Dragon F-AMUZ acquis en mars 1934.
Le 7 novembre 1935, les LANA ouvrent la ligne Alger-Tunis, avec escales à Constantine et à
Bône, et trois vols par semaine. Les pilotes sont Georges Descamps, Henri Ferraris, Émile Du-
terriez. Robert Volmerange est le directeur d’exploitation.
Pour renforcer à nouveau le parc, les LANA s’équipent du Latécoère 28 F-AJPC, ancien de l’Aé-
ropostale, qui ne donnera pas satisfaction, puis en janvier 1936 d’un troisième Dragon F-ANES.
Un quatrième Dragon F-ANGE est même utilisé en période de pointe par les LANA, prêté par
Jacques Germain à son cousin.
Mais à la fin de 1936, malgré le succès des LANA pendant deux années (aucun accident, 551.540 km
parcourus, 2 110 passagers transportés), la subvention locale du gouvernement général d’Alger est
supprimée, pour laisser la place libre à la régie d’État Air-Afrique qui veut implanter son réseau
et obtient par loi de finance la concession de la transversale nord-africaine.
Dès lors, Henry Germain décide de suspendre ses vols, négocie la reprise du personnel et du
matériel des LANA par la régie d’État Air Afrique.
En février 1937, Henry Germain recevra la croix de la Légion d’Honneur avec la mention sui-
vante : Directeur général des Lignes Aériennes Nord-Africaines, 13 ans et 9 mois de services
civil et militaire. Après avoir été un fervent propagandiste de l’aviation de tourisme, il a réalisé
par ses propres moyens la liaison aérienne Casablanca-Tunis, a rendu ainsi de signalés services
à nos possessions nord-africaines.
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