Page 35 - Lignes Aériennes Nord-Africaines
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Une fin prématurée




        La fin de l’année 1936 voit la situation s’assombrir pour les LANA. Air Afrique, qui a terminé la
        mise en place de son réseau vers Brazzaville, se tourne vers la transversale Oran-Tunis, contre
        l’avis d’Henry Germain qui reste attaché à une ligne de cabotage correspondant mieux aux besoins
        de la clientèle. En effet, il y a peu de relations entre le Maroc et la Tunisie et Air Afrique ne peut

        que créer une ligne impériale qui coûtera cher aux contribuables. Bien que les LANA aient fait
        la preuve de leur efficacité, la subvention du Gouvernement général ne leur est pas versée pour
        le deuxième semestre 1936 et, contre l’avis des Délégations financières, elle n’est pas reconduite
        pour 1937. La lutte contre une régie d’État est impossible et l’article 86 de la Loi des finances du
        31 décembre 1936 accorde à Air Afrique la concession de la transversale nord-africaine.
        Henry Germain est contraint de faire passer le communiqué suivant : Les Lignes aérienne

        nord-africaines s’excusent auprès de leur fidèle clientèle d’être dans l’obligation de suspendre
        provisoirement les services réguliers entre Oran, Alger, Constantine, Bône et Tunis et remercient
        les nombreux usagers de la confiance qu’ils on bien voulu leur accorder aux cours de ces deux
        années d’exploitation. Joseph Robert, président des Délégations financières, adresse le télégramme
        suivant aux parlementaires algériens : Me faisant interprète Délégations financières péniblement
        surprises par décision Loi finance prise à leur insu relativement création Régie Air Afrique
        transversale Oran-Tunis contre laquelle elles se sont toujours élevées, vous demande en leur
        nom intervenir énergiquement auprès du Gouvernement et lui faire part leur émotion légitime.
        Délégations financières restent fidèles à leur délibération unanime réservant transversale aux
        LANA qui ont pris l’initiative courageuse créer service fonctionnant satisfaction de tous. Elles
        s’élèvent contre mesure sacrifiant cette entreprise digne d’être respectée non seulement point de

        vue fonctionnement mais encore point de vue moral. S’étonnent que leur avis soit resté sans écho.
        Comptent sur votre intervention pour que Gouvernement mieux informé revienne dans esprit
        d’équité sur décision lésant intérêts primordiaux Algérie. Sentiments dévoués. Cet appel resté
        sans écho, Henry Germain s’active alors pour que le personnel, le matériel et les installations
        des LANA soient repris par Air Afrique qui ne rouvrira la ligne que le 15 avril 1937. Air Afrique
        supplantera de la même manière la Régie Malgache de René Lefèvre et Jean Assolant.

        En plus de deux années, les LANA ont obtenu, avec une régularité remarquable et une sécurité
        de 100 %, les résultats suivants : 551 540 km parcourus, 2 110 passagers transportés, 353 kg de
        poste et 1 213 kg de fret.
        En juin 1939, devant l’insuffisance des services rendus par la Régie Air Afrique, Macé, président
        de la Commission interdélégataire de l’Assemblée interrégionale, dépose deux amendements qui
        seront approuvés : Abattement de 800 000 F sur les crédits demandés aux Délégations financières
        par l’administration - Inscription au budget d’un crédit de quatre millions permettant d’assurer

        un service aérien autonome. Mais la guerre arrive, avec d’autres préoccupations.
        La compétence et le dévouement d’Henry Germain, âgé seulement de 27 ans lorsqu’il se lance
        dans l’aventure du transport aérien, seront récompensés en février 1937 par la croix de la Lé-
        gion d’honneur accompagnée d’une citation élogieuse : Directeur général des Lignes aériennes
        nord-africaines ; 13 ans, 9 mois de services civiles et militaires ; titres exceptionnels : après

        avoir été un fervent propagantiste de l’aviation de tourisme, il a réalisé par ses propres moyens
        la liaison aérienne Casablanca-Tunis ; a rendu ainsi de signalés services à nos possessions
        nord-africaines. Compte plus de 300 heures de vol.


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