Page 25 - Lignes Aériennes Nord-Africaines
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Alger-Tunis
Oran étant relié à Casablanca par Air France depuis le 13 juillet 1935 (par des trimoteurs Bré-
guet 393), Henry Germain dirige ses efforts vers Tunis. Pour plus de sécurité, compte-tenu du
relief montagneux survolé et des mauvaises conditions météorologiques fréquemment rencon-
trées, les Farman sont remplacés par des bimoteurs anglais De Havilland 84 Dragon (F-AMTR et
F-AMUZ). Ce matériel, bien que déjà ancien, est adapté à la ligne et est apprécié par ses qualités
d’économie, de vitesse et de confort (six passagers).
Le 7 novembre 1935, la première liaison Alger-Tunis est réalisée avec l’autorisation officieuse
du ministère des Affaires étrangères (les avions des LANA sortent pour la première fois des
frontières). Parti de Maison-Blanche à 7 h 45, le Dragon, piloté par Georges Descamps, arrive à
Tunis à 12 h 45, après escale à Constantine à 9 h 45 et à Bône à 10 h 45. A bord de l’appareil, se
trouvent Robert Volmerange, l’écrivain Marcello Fabri, M. et Mme Valettaz et leur enfant, et le
docteur Lebeau, fils du Gouverneur général. Georges Descamps, qui pilote le Dragon, retrouve
avec plaisir la Tunisie qu’il avait quittée quelques années auparavant après avoir effectué pendant
plusieurs mois une mission photographique pour le compte de la Compagnie aérienne française.
L’autorisation d’ouverture officielle de la ligne étant arrivée, Henri Ferraris effectue le vol inau-
gural le 2 décembre 1935. Comme d’habitude, pour donner à ce vol un retentissement populaire,
Henry Germain convie à ce voyage des journalistes et des personnalités : François Beuscher,
Dournon, Nicolas, du Messager, Robert Faouen, Boucher, directeur du Réveil bônois, Roger
Piccard de La Dépêche de l’Est et Teddé, vice-président de la Chambre de commerce de Bône.
De nombreuses personnalités attendent l’avion qui doit tourner 25 minutes au-dessus de Tunis
car, favorisé par un vent propice, le vol a été plus court que prévu. Après les allocutions d’usage,
les officiels, dont Marcel Peyrouton, Résident général, et le représentant de SA le Bey, décollent
dans le deuxième Dragon piloté par Georges Descamps pour un vol au-dessus de Tunis.
Le lendemain, par un temps maussade, les deux Dragon ramènent à Alger leurs passagers aux-
quels se sont joints Martin Gallini, de La Dépêche tunisienne, et Pierre Antoni, du Petit matin.
Après l’ouverture officielle, la ligne deviendra trihebdomadaire avec départs d’Alger les lundis,
mercredis et vendredis (départ de l’hôtel Aletti à 7 h et arrivée au bureau d’Air France à Tunis
à 13 h 45) et retours les mardis, jeudis et samedis (Tunis à 7 h, Alger à 12 h 45). L’ouverture au
service postal de la ligne aura lieu le 3 février 1936.
Il a souvent été reproché aux LANA d’utiliser du matériel étranger. Malheureusement, peu d’avions
français répondent, à cette époque, aux besoins de la ligne et peuvent être mis en œuvre dans des
conditions rentables par une compagnie disposant de peu de subventions. Les LANA essayent
quelques temps un Latécoère 28 (F-AJPC) qui ne donne pas satisfaction et un troisième Dragon
(F-ANES) est mis en service après avoir été baptisé le 28 janvier 1936. Il était arrivé d’Angleterre
deux jour avant, convoyé par Georges Descamps. Un quatrième Dragon, le F-ANGE, est utilisé
en période de pointe, prêté par Jacques Germain.
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